Distretto inquisitoriale di Murcia

Dizionario di eretici, dissidenti e inquisitori nel mondo mediterraneo
Edizioni CLORI | Firenze | ISBN 978-8894241600 | DOI 10.5281/zenodo.1309444


MURCIE (DISTRICT INQUISITORIAL)
par Jean Pierre Dedieu

L'Inquisition de Murcie fut créée en 1488 par essaimage de l'inquisition de Valence. Elle ne connut pas d'interruption, jusqu'à sa suppression définitive en 1820, en dehors de l'abolition générale de 1812-1814 décrétée par les cortes nationales. Son district cependant, subit des fluctuations importantes. Limité d'abord à l'évêché de Cartagène, il s'étendit rapidement au Gouvernement d'Orihuela, qui constituait la partie méridionale du Royaume de Valence. Il comprenait donc à la fois des terres appartenant aux Couronnes d'Aragon (Orihuela) et de Castille (Murcie). En 1507, lorsque l'union personnelle entre les deux Couronnes fut brisée par la mort d'Isabelle la Catholique, il perdit Orihuela, qui passa à l'inquisition de Valence. Il la récupera en 1517 à l'avénement du roi Charles, le futur empereur Charles Quint, qui rétablit l'union des deux Couronnes. Les inquisiteurs de Murcie avaient ordre de faire les procès de la partie castillane en castillan et de la partie aragonaise en langue valencienne. Entre 1506 (dissolution de l'inquisition de Sigüenza) et 1510 (refondation de l'inquisition de Cuenca par essaimage d'un inquisiteur et du procureur fiscal de Murcie), le district engloba l'évêché de Cuenca. Le 22/7/1525, le tribunal inquisitorial d'Oran fut réduit au rang d'annexe du tribunal de Murcie, avant d'être supprimé et son petit district définitivement annexé par lui en 1536. Le préside dépendit de l'inquisition de Murcie pendant tout reste du temps où dura l'occupation espagnole (1536-1710 et 1732-1792). Le 25/2/1533 enfin, l'archiprêtré d'Alcaraz et la ville de Beas de Segura furent détachés de l'inquisition de Cordoue et agrégés à celle de Murcie pour des raisons de facilité d'accès.
District de taille moyenne, l'inquisition de Murcie constituait un poste de milieu de carrière pour les inquisiteurs. Ses archives sont perdues, à l'exception de 230 registres concernant les finances conservés à l'Achivo Histórico Provincial de Murcie.
L'histoire de l'inquisition de Murcie ne présente guère d'originalité par rapport à celle des autres inquisitions de Castille. L'activité, forte et tournée vers la répression du judaïsme au début, décroit dans la première moitié du XVIe siècle. Elle culmine dans sa seconde moitié après s'être réorientée vers les vieux-chrétiens, tout en étant à cette époque, fortement marquée par une importante présence musulmane due à l'afflux d'esclaves grenadins déportés dans la région suite à la révolte des morisques de Grenade (1568-1573). Elle décline au XVIIe siècle et se réduit presque à néant au XVIIIe.
En dépit d'une crise financière marquée dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le tribunal de Murcie semble avoir mieux résisté que d'autres au déclin des ressources affectées à l'inquisition et avoir servi par la suite de réserve financière à l'institution inquisitoriale en prenant à charge une part croissante du financement du Conseil et le salaire de plusieurs inquisiteurs affectés à d'autres districts.
L'intérêt historiographique de l'inquisition de Murcie réside dans le fait qu'elle a servi de cadre à une étude célèbre de l'implantation sociale du tribunal. Jaime Contreras a montré comment les familles Soto (des parvenus) et Riquelme (une vieille dynastie locale), qui s'affrontaient au milieu du XVIe siècle, pour la possession des postes d'échevin des villes de Murcie et de Lorca, utilisèrent le tribunal comme une arme dans leurs débats. Dans un premier temps (1550-1560), les Riquelme réussirent à faire poursuivre les Soto et leurs alliés pour judaïsme. Ils, profitèrent pour cela, outre l'origine notoirement conversa des intéressés, d'affrontements internes au tribunal, du fanatisme antijudaïque de certains des inquisiteurs alors en charge du district et d'un relatif désintérêt pour les affaires murciennes du Conseil de l'inquisition, alors plus préoccupé de la répression du protestantisme. Plusieurs personnes furent exécutées, mais lorsque l'inquisition, entrainée par le jeu des dénonciations, s'en prit à la noblesse seigneuriale la mieux enracinée, elle fut à son tour dénoncée auprès du roi par les victimes et par les autorités locales, qui estimaient qu'elle avait passé les bornes. Mise en difficulté, elle arrêta les poursuites en cours à l'aide d'un édit de grâce, réhabilita les principaux condamnés, déplaça les inquisiteurs mis en cause et scella par une distribution massive de familiatures aux deux parties le compromis qu'elles venaient de passer sous l'égide de la monarchie se partager les postes d'autorité dans les villes et rétablir la paix civile (1561-1567). En dépit de son pas de clerc, l'inquisition renforça ainsi considérablement son implantation locale en acquérant la bienveillante collaboration des puissants du lieu, complicité qui durera jusqu'à la fin, dans une dialectique subtile dont l'historiographie est encore loin d'avoir saisi toutes les nuances.

Bibliographie

  • Alonso Acero, Beatriz. 2004. L'Inquisition espagnole à la frontière de la Berbérie. Oran-Mazalquivir, XVIe-XVIIIe siècles, «Revista Lusófona de Ciéncia das Religoes», III, n°5, pp. 65-82.
  • Blazquez Miguel, Juan. 1984. La hechicería en la Región Murciana (procesos de la inquisición de Murcia- 1565-1619), Murcia, Cajamurcia.
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  • Contreras, Jaime. 1992. Sotos contra Riquelme. Regidores, inquisidores y criptojudíos, Madrid, Anaya / Muchnik (trad. fr. 1997. Pouvoir et inquisition en Espagne au XVIe siècle, "Soto contre Riquelme", Paris, Flammarion).
  • Domínguez Nafria, Juan Carlos.1991. Inquisición de Murcia en el siglo XVI: el licenciado Cascales, Murcia, Academia Alfonso X el Sabio.

Article written by Jean Pierre Dedieu | Ereticopedia.org © 2014

et tamen e summo, quasi fulmen, deicit ictos
invidia inter dum contemptim in Tartara taetra
invidia quoniam ceu fulmine summa vaporant
plerumque et quae sunt aliis magis edita cumque

[Lucretius, "De rerum natura", lib. V]

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